Notes sur Saint-Pons et pour Saint-Pons

A L'AUBE DE L'HISTOIRE

La période romaine et gallo-romaine.

En 118 avant J.C., les légions romaines sous le commandement du consul Domitius Ahénobarbus occupent la région et s'assurent le contrôle des voies qui traversent le territoire des Volques. Ce consul fonde la Narbonnaise, crée la voie domitienne qui relie le pays à Narbonne et confirme le rôle prédominant de Nîmes sur les autres citées arécomiques.

Vers 80, les Volques soutiennent le parti du général romain Sertorius en révolte contre le pouvoir central. Il sera battu par Pompée qui taxera lourdement les tribus locales.

En 46, César qui vient de faire la conquête de la Gaule et de dompter Marseille, transforme le statut du territoire des Arécomiques en colonie de droit latin. Nîmes en devient la capitale. Cette situation perdure jusqu'à la création du diocèse d'Uzès au début du IVème siècle.

L'influence romaine a évidement marqué très profondément la région.

Les chemins celtes, qui avaient certainement repris le tracé de pistes plus anciennes, furent reconditionnées et améliorées par les romains qui conservèrent également le découpage administratif. Deux routes principales se croisaient à proximité immédiate de Saint-Pons au niveau de Grange Blanche (Tresques):

- la première reliant Nemausus ( Nîmes ) à Vasio ( Vaison ) empruntait les combes de Gaujac, puis passant par Connaux et Tresques s'infiltrait entre la falaise de la Roquette et le Serre de Bernon pour rejoindre le tracé actuel du CD n° 5 à hauteur de Bouyas;

- l'autre faisait communiquer le port de l'Ardoise à Alès en drainant une partie importante du trafic entre le Rhône et l'arrière pays; en venant de Saint-Loup elle passait au Nord de Saint-Pons (au niveau des Boulidouïres) pour se diriger vers Saint-Marcel-de-Careiret; un embranchement peu avant le carrefour de Bos-Nègre permettait de rejoindre la Tave (chemin de Bagnols à Pougnadoresse).

A ce stade des recherches, rien ne permet d'affirmer l'existence d'une forme d'habitation sur le site même du village. La période gallo-romaine a laissé toutefois quelques traces d'occupation, du moins dans la vallée.

En 1991, le creusement d'un fossé met à jour une tombe à inhumation sur la parcelle B 2 250 de Saint-Pons-la-Calm au lieudit La Boutrigue  (à 50 mètres de la rive droite de la Tave, en face de la station d'épuration, non loin de la limite de la commune de Tresques, sur la propriété de Mr. Alain Rouvier).

Les fouilles effectuées l'année suivante permettent de trouver un squelette dans cette tombe et, à proximité de celle-ci, une tombe à incinération où sont découverts:

         - une lampe à huile en céramique fine;

         - un fond d'amphore;

         - un fragment de tuile peignée;

         - des ossements et des clous provenant du bûcher funéraire.

Les prospections montrent une occupation gallo-romaine intense dans le secteur, à la limite des deux communes de Tresques et de Saint-Pons où a été trouvé notamment, en 1976 par Jean Boutrigue, un autel votif à la roue. [1]

A une époque encore récente, il arrivait fréquemment que les travaux de terrassement et de défonçage exécutés dans le secteur mettent au jour des pierres et des débris divers témoignant de l'existence d'anciennes constructions.

Les deux stèles funéraires insérées dans la muraille Sud de l'église du village sont des Cippes datant de l'époque gallo-romaine. Il n'existe pas d’indication précise sur leur origine mais on peut penser qu'elles proviennent elles aussi du site d'habitat des bords de la Tave.

Ces pierres ont au moins l'intérêt de nous révéler les noms des habitants de l'époque, soit Senilis et Carisius dans le cas de Saint-Pons selon le chanoine Béraud. [2]

Ces cippes étaient déjà encastrés dans les murs de l'ancienne église (voir à ce sujet le dossier relatif à l’église).

         Enfin le puits découvert par Monsieur Patrick Rémusat lors de la construction de sa maison dans le quartier du Rieu, au pied même de la couche rocheuse, témoigne de la présence probable à cet endroit d'un site d'habitat gallo-romain comme semblent le confirmer les tuiles et les débris divers trouvés à proximité.

Une remarque à propos de l'influence des Romains sur le développement de la région : dés le premier siècle de notre ère, pour éviter de perdre le monopole d'un trafic particulièrement avantageux, Rome refusa formellement aux propriétaires non-citoyens le droit de planter la vigne. Un village viticole comme Laudun qui s'autorise chaque année à célébrer la gloire de l'envahisseur, dans le cadre tradition-saucisse d'une fête de la romanité, pourrait se souvenir de cette première manoeuvre déloyale à l'encontre d'une production locale d'A.O.C...

Les invasions barbares.

Constance est cité en 419 comme premier évêque d'Uzès.

En 462, l'Uzége est entièrement occupée par les Wisigoths qui s'implantent dans la Septimanie (Languedoc méridional).

En 534, Théodebert, petit-fils de Clovis, fait la conquête du territoire mais les rois Visigoths n'en seront définitivement chassés que bien plus tard, en 720, date à laquelle Nîmes tombe aux mains des arabes. Ces derniers en seront chassés par Pépin-le-Bref.

Vers la fin du 9ème siècle, la région subit encore l'invasion des Normands.

         Les ducs de Septimanie gouvernent la province jusqu'au commencement du 10ème siècle; celle-ci passe ensuite sous la dépendance des comtes de Toulouse.

SAINT-PONS-LA-CALM  EN  LANGUEDOC

Intendance                             : Montpellier

Diocèse civil                          : Uzès

Parlement                               : Toulouse

Sénéchaussée                         : Nîmes et Beaucaire

Viguerie                                 : Uzès

Gouvernement                       : Languedoc

Diocèse                                 : Uzès

Archiprêtré                            : Bagnols (doyenné)

EVOLUTION DE LA POPULATION   (nombre de feux) . (a)

1648            50               1731            58               1773            82

1706 5 (?)    42               1741            68               1774            72

1709            60               1750            69               1780            80

1720            ....               1759            66               1788 (b)      86

1721            59               1763            73               1789            83

 (a) Un feu désigne en fait une famille suffisamment riche pour payer l'impôt foncier. D'après Mr André Bernardy, le feu imposable correspond à cette époque à "un minimum de dix livres tournois de revenus en fonds de terre ".[3]

(b) Pour 366 habitants, soit en moyenne 4,25 habitants par foyer fiscal.

LA  FORMATION  DU  FINAGE

Un argumentaire préparé à l'intention des consuls vers la moitié du XVIIIe siècle précise

"(qu’)on a trouvé dans les archives de Saint-Pons un extrait du compois diocésain

"        concernant cette dernière communauté suivant lequel elle est chargée :

"                 - de 326 setiers de glandages bons,

"                 - de 115 setiers de glandages moyens,

"        qui font 441 setiers, lesquels à raison de quatre setiers par salmée font 110

"        salmées de glandage plus au dernier article 9 salmées ou 37 setiers, le tout

"        formant 119 salmées.

"        Cette quantité de 119 salmées forme la contenance de ce que Saint-Pons

"        posséde au Nord de son terroir confrontant la juridiction de Sabran.

"       

"        Mais cette communauté est encore en charge de:

"                 - 82 setiers d'herbages bons,

"                 - 126 setiers de garrigues bonnes,

"                 - 46 setiers de garrigues moyens,

"                 - 66 setiers de garrigues faibles.

"        En tout 320 setiers qui à quatre setiers par salmée font la quantité de 80 salmées

"        de garrigues et c'est précisément la contenance de ces deux tènements du

"        Margelet et Lissinas qui sont du terroir de Saint-Pons et qui se trouvent" composiés sur Saint-Pons et non sur le Pin dans le compois du diocèse ".

Cette fastidieuse démonstration a au moins l'avantage de permettre un évaluation de l'étendue des communaux à l'époque considérée.

         Le territoire du sixième situé au sud de la Tave qui fait l'objet de l'affaire en cause

étant d'une superficie d'environ 200 salmées, la surface totale prise en considération pour le calcul des impositions serait donc de 399 salmées soit 255,36 hectares en mesure de Saint-Pons. Nous sommes évidemment bien loin du compte de la superficie actuelle des terrains boisés de la commune (165 hectares), même en y ajoutant les 31 hectares du bois de la Rouvière partagés en 1848 et défrichés depuis.

         Il n'y a pas lieu de chercher à prouver quoi que se soit sur des bases aussi fragiles...

Il semble pourtant que la plus grande partie du terroir a été très tôt réunie et que les limites de la commune étaient dès le XIIIe siècle très proches de celles d'aujourd'hui.

Une des étapes majeures de la constitution du patrimoine de la communauté a été incontestablement l'annexion au XIIIe siècle du sixième du terroir du Pin.

         L'affaire est évidemment d'importance aussi bien en raison des surfaces en jeu (200 salmées, soit 128 hectares) que de la gravité et de la durée du conflit qui opposa les deux villages par la suite. Un manuscrit déjà cité, conservé dans les archives communales de Saint-Pons et intitulé " Instruction sur interlocutoire pour les consuls de Saint-Pons de la Cam contre les consuls du Pin «, permet de reconstituer les épisodes de ce différent. Monsieur Marcel Paris ayant traité longuement la question dans un ouvrage consacré au village du Pin[4], avec toute l'objectivité et la compétence que l'on lui connaît, il ne paraît pas utile d'y revenir dans le détail.

Il suffira de rappeler qu'au départ cette portion de terroir fut donnée par les seigneurs du Pin aux habitants de Saint-Pons en échange de propriétés éparses, formées de maisons, jardins, vignes, olivettes et paturages que ceux-ci possédaient sur le territoire de la communauté du Pin. Le litige survenu ultérieurement portait sur les quartiers situés en bordure de la Tave, le Margelet et Lissinas, considérés par Saint-Pons comme lui appartenant depuis toujours mais tenus par le Pin comme compris dans la superficie du sixième.

La différence porte sur une surface de 82 salmées soit 52,48 hectares. Le désaccord donne lieu à une suite de 350 ans de procédures, de transactions et de procès qui ne s'achèvera qu'avec la révolution et en défaveur de la communauté du Pin.

Le finage de Saint-Pons s'étend donc aujourd'hui au Sud jusqu'à la Veyre, en incluant les hauteurs de la Gardie, l'un des points culminants de la région (288 m), et en s'enfonçant sur une profondeur de 3 Km entre les communes de Gaujac et du Pin.



[1] PETITOT (Hervé) et RUBIRA (Marie-Josée). Fouilles de deux sépultures gallo-romaines à Saint-Pons-la-Calm (Gard). In Rhodanie n°47. 1993.

[2] BERAUD (Chanoine Pierre). Ibid.

[3] BERNARDY (André). Remontons la Gardonnenque. Cévennes Editions. Nîmes 1980.

[4] PARIS (Marcel). Entre Rhône et garrigue, le Pin. 1998.


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