Il était une fois un village …… où si Saint-Pons m'était conté ….

Cela commence comme toutes les belles histoires : Il était une fois un village perché sur son rocher qui s'appelait Saint-Pons-la-Calm et ses habitants les Saint-Ponais……

Pourquoi Saint-Pons ?

Le saint patron éponyme du village était l'objet d'une grande ferveur au Moyen-Age, surtout dans le sud de la France. C'est en effet à Cimiez, près de Nice, que Poncius (ou Pontius), un soldat romain qui s'était converti au christianisme avait trouvé refuge. C'est là qu'il est mort martyr en 258 sous le règne de Valérien. Très tôt canonisé, ses reliques furent déposées à Thomières, ville érigée plus tard en siège épiscopal par Jean XXII, aujourd'hui Saint-Pons-de-Thomières, chef-lieu de canton de l'Hérault. Sa fête tombe le 5 Mars.

Jusqu'à une certaine époque, le prénom Pons était porté assez fréquemment dans nos régions. La première trace écrite de l'existence du lieu de Saint-Pons se trouve dans un acte de 1214 par lequel Simon de Montfort, le chef de la croisade contre les Albigeois, attribue à l'évêque d'Uzès des terres prises à Raymond VI, comte de Toulouse. En 1254 la Gallia Christiana fait mention à son tour d'une villa de Sancti-Ponti. On peut en conclure sans grand risque d'erreur que la paroisse de Saint-Pons existait déjà au XIIe siècle. La vieille église du village, détruite en 1866, datait d'ailleurs de cette époque.

Pourquoi la Calm ?

Il faut être originaire du Nord de Montélimar pour penser un seul instant que le qualificatif de Calm pourrait avoir un rapport quelconque avec la quiétude du lieu, même si de toute évidence " en général, on est pas mal à Saint-Pons-la-Calm ". En fait, le substantif féminin camp ou calm désigne en Languedoc un petit plateau calcaire dénudé et aride. Il s'applique ici au banc de rocher calcaire d'une centaine de mètres d'épaisseur, du crétacé au faciès ugonien pour être précis, sur lequel est bâti le village. A partir du XVIIème siècle, on le retrouve apposé systématiquement au patronyme, avec quelques variantes suivant l'inspiration du copiste :

Saint-Pons-de-la-Camp - Saint-Pons-de-Lacamp - Saint-Pons-de-la-Calm - Saint-Pons-la-Calm….

Une exception pendant la révolution : le ci-devant Saint-Pons-la-Calm est laïcisé et rebaptisé Pont-sur-Tave.

S'agissant de la prononciation, il y a lieu de distinguer ceux qui avalent le " S " de Pons et ceux qui, au contraire, font siffler la finale à la façon allègre d'un mistralet printanier. On dit " San Pon " en patois local et " Saint-Pons-la-Calm " en français pointu, mais " Saint-Ponç " en occitan moderne et couramment " Saint-Ponsss'la-Calm " lorsqu'on fait partie des habitants authentiques du village. La racine latine Poncius donne bien évidemment raison à ces derniers.

Quant à l'orthographe, le trait d'union s'impose entre Saint et Pons comme chaque fois qu'il s'agit de désigner la fête, l'église mise sous l'invocation d'un Saint, un lieu, une ville, une rue qui porte son nom…… On doit donc écrire " saint Pons " (avec minuscule et sans trait d'union) est le saint patron de Saint-Pons-la-Calm (avec majuscule et avec trait d'union).

Oublié aujourd'hui, Saint-Pons continue pourtant de veiller sur le village.

La statue du saint éponyme surmonte la fontaine érigée au XIXe siècle sur le Planas formant la place de l'église. Dans le style de l'époque, le saint est représenté avec le visage extatique du martyr déjà tourné vers le ciel. Martyrisé par les hommes, il n'a pas été épargné par le temps qui lui a fait perdre le bout du nez, lui donnant un air à la fois un peu mièvre et pathétique.

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